FAQ

Cette Foire Aux Questions (FAQ) a pour objectif de répondre aux principales questions que se posent des acteurs souhaitant mieux comprendre ce qu’est l’évaluation d’impact social, pourquoi évaluer l’impact d’un projet et comment l’évaluer


Définitions et origines

Selon l'OCDE, il s'agit d'un changement, escompté ou non, attribuable directement ou indirectement à une action.

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Selon l'OCDE, les bénéficiaires sont des "individus, groupes ou organisations qui bénéficient de l’action de développement, directement ou non, intentionnellement ou non."

L’évaluation d’impact social (EIS) peut être définie comme une démarche qui vise, par le biais d’approches et d’outils évaluatifs, à décrire, analyser et objectiver les effets d’une initiative dont la finalité est d’apporter une réponse à des besoins sociaux particuliers identifiés chez des individus ou groupes d’individus.

L’évaluation désigne « l’action de déterminer la valeur de quelque chose » 

La mesure est quant à elle définie comme « l’évaluation d’une grandeur d’après son rapport avec une grandeur de même espèce, prise comme unité et comme référence ». 

Nous utilisons en priorité la notion d’évaluation, terme plus globale, pour désigner l’ensemble du processus qui aboutit à l’identification de l’impact, et la mesure, terme plus spécifique, pour faire référence à une approche quantitative.

L'évaluation d’impact (Impact evaluation) est selon l'OCDE un "type d’évaluation des effets directs, centrée sur l’impact ou les résultats généraux et à long terme d’un programme. Par exemple, une évaluation de l’impact pourrait montrer que la baisse du taux de mortalité infantile dans une communauté était le résultat direct d’un programme conçu pour améliorer les services d’orientation et pour offrir des soins prénatals et postnatals de haute qualité et des accouchements assistés par un personnel sanitaire qualifié.

Alors que l'évaluation de processus (Process evaluation) est selon l'OCDE un "type d’évaluation qui examine dans quelle mesure un programme se déroule comme prévu en appréciant les activités en cours du programme. Une évaluation du processus aide les administrateurs de programme à déterminer les changements à apporter à la conception, aux stratégies et aux activités afin d’améliorer la performance. "

Les dynamiques d’impact en matière environnementale et en matière sociale procèdent de finalités et de logiques différentes : il s’agit dans le premier cas de minimiser l’empreinte de l’homme sur la nature, de limiter autant que faire se peut les atteintes au  capital naturel, de ralentir le changement climatique et de quantifier les émissions négatives et les réductions de ces émissions, à partir d’éléments le plus souvent objectivables. Dans le second cas, il s’agit de maximiser, d’améliorer l’impact social d’actions visant à répondre à des besoins sociaux peu ou pas satisfaits, d’augmenter le capital humain, d'accélérer les mécanismes de justice sociale et l’évaluation de ces effets passe souvent par des éléments subjectifs car correspondant à une certaine vision anthropologique et reposant en grande partie sur le déclaratif des bénéficiaires.

Il est à noter cependant les efforts récents pour concilier les deux approches, sociale et environnementale. Par exemple, les travaux sur l’Analyse de Cycle de Vie sociale visent, à partir d’une méthode d’évaluation environnementale, à prendre en compte l’aspect socio-économique dans le cycle de vie d’un produit ou d’un service. Les expérimentations du J-PAL dirigé par Esther Duflo en matière d’essais randomisés contrôlés s’appliquent aussi bien à des politiques d’action sociale qu’à celles relatives à l’environnement et à l’énergie. Les connexions pensées par Acumen entre préservation de l’environnement et impact social mettent également en avant des approches transversales. Cependant, dans chacun de ces exemples, la complexité des approches proposées en a rendu difficile l’appropriation par les acteurs de « l’économie classique » comme de l’ESS, les uns par manque de hiérarchisation  et de compréhension fine des enjeux à long terme, les autres par manque de moyens financiers et humains.

Selon le TIESS, "l’utilité sociale est une notion employée pour distinguer les activités qui servent l’intérêt de la société de celles qui servent avant tout l’intérêt d’individus (intérêt particulier) ou de groupes d’individus (intérêt mutuel). L’utilité sociale est mobilisée dans certains pays comme la France pour justifier un traitement particulier (comme des subventions) (Rodet, 2008). Bien que ce ne soit pas une méthode à proprement parler, l’utilité sociale peut être conçue comme une approche servant à évaluer des interventions (Cauquil et al., 2016)."

L'impact social est quant à lui défini par le Conseil Supérieur de l'ESS comme «l’ensemble des conséquences (évolutions, inflexions, changements, ruptures) des actions d’une organisation tant sur ses parties prenantes externes (bénéficiaires, usagers, clients) directes ou indirectes de son territoire et internes (salariés, bénévoles, volontaires), que sur la société en général. »

Si les notions de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et d’impact social sont bien toutes deux des dynamiques à dimension économique et éthique et visent pareillement un certain bien, elles diffèrent dans leur finalité, leur contexte et leurs modalités d'application.

La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est la contribution des entreprises au développement durable. Elle renvoie, selon l'Avise, aux actions engagées par une entreprise qui intègrent dans leurs activités une préoccupation sociale et/ou environnementale. Il ne s'agit pas de la finalité de l'entreprise mais d'éthique des affaires, c'est-à-dire de la manière dont celle-ci mène son activité. La RSE s'intéresse ainsi aux bonnes modalités de prise en compte de l'environnement et des parties prenantes de l'entreprise (salariés, actionnaires, fournisseurs, clients, communautés locales, etc.).

Selon les structures, elle peut être très périphérique à l'activité ou au contraire être pleinement intégrée aux pratiques quotidiennes.

Evaluer la RSE revient donc à analyser et mesurer cette contribution au développement durable et la manière dont une entreprise se comporte vis-à-vis de l'environnement et de ses parties prenantes.

Généralement, la RSE fait l'objet d'un suivi et d'un reporting extra-financier annuel dans lequel sont mesurés et partagés des indicateurs tels que le suivi et la réduction des déchets, les émissions de CO2, le taux de satisfaction clients, la parité dans les organes de gouvernances, etc.

La notion d'impact social s'applique, traditionnellement, à une structure ou à un projet qui se caractérise par sa finalité sociale, son utilité sociale, c’est-à-dire par sa volonté première d'apporter une solution pertinente à un besoin social peu ou mal satisfait. La raison d'être du projet et/ou de la structure concernée est donc la réponse à une problématique sociale.

Evaluer l'impact social, c'est donc s'intéresser à la finalité sociale d'un projet et analyser, mesurer, juger ses effets sur ses bénéficiaires. L'évaluation d'impact social peut être ponctuelle ou continue et porte par exemple sur l'insertion professionnelle de personnes éloignées de l'emploi, l'autonomie de persones en situation de handicap, le répit des aidants, etc.

L’émergence de l’évaluation d’impact social (EIS) comme discipline à part entière s’appuie, à l’échelle internationale, entre autres choses, sur plusieurs phénomènes :

  • L’essor de l’État-Providence au sortir de la 2nde Guerre Mondiale qui a stimulé une demande pour l’évaluation des politiques publiques dans certains pays occidentaux afin d’en mesurer l’efficacité. Ce mouvement est allé de paire avec le développement des sciences de gestion et de la sociologie dont les tenants, notamment aux Etats-Unis, ont largement contribué à définir les outils de modélisations des effets aujourd'hui utilisés en évaluation d'impact social.
  • Le développement de la comptabilité sociale et environnementale en France et au Royaume-Uni, dans un contexte de volonté de prise en compte des externalités positives et négatives des entreprises sur leur environnement et leurs parties prenantes.
  • La professionnalisation de l’aide au développement avec l’émergence de cadres évaluatifs portés par des organisations internationales comme le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), la Banque Mondiale, l’OCDE et la popularisation des essais contrôlés randomisés par le Jpal d’Esther Duflo. L’engagement du monde financier et philanthropique anglo-saxon qui a grandement contribué à accroître l’intérêt pour l‘évaluation des projets à finalité sociale, en s’intéressant aux retombées générées par leurs dons et leurs investissements, à l’instar de la Fondation Rockefeller, pionnier de l’impact investing et contributeur sur de nombreuses ressources dédiées à l'EIS.

En France, on peut distinguer principalement 2 courants :

  • L’apport de l’ESS sur l’utilité sociale et l’essor des entreprises sociales. désireuses de prendre en compte leur impact social et qui ont développé « un questionnement quant à la manière dont ce dernier peut être évalué ».
  • La naissance de fonds d’impact, la structuration croissante de la philanthropie française et en particulier l’amorce de la venture philanthropy dans l’Hexagone, dans un contexte réglementaire favorable avec les loi de 2001 et 2010 sur l’épargne salariale solidaire et les Fonds dits 90/10.

Enjeux de l’évaluation d’impact social

Les décideurs publics et donneurs d'ordre peuvent poursuivre plusieurs objectifs au travers de l'évaluation d'impact social :

  • Obtenir des informations objectives sur les politiques sociales engagées sur le terrain ; 
  • Évaluer si les changements attendus dans le cadre d’un programme financé par la puissance publique ont effectivement eu lieu ;
  • Se focaliser davantage sur les impacts (Ex : Diminution de l’analphabétisme) plutôt que sur les réalisations (Ex : Nombre de livres distribués) ou les moyens employés (Ex : 10K€ investis)
  • Tirer des leçons des expérimentations sociales menées sur leurs territoires ;
  • Développer une culture d’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes ;
  • Répondre aux enjeux locaux de développement par des actions dont l’efficacité a été démontrée dans un contexte similaire ;
  • Allouer les ressources financières avec efficience aux projets les plus performants ;
  • Connaître les conditions de succès d’implémentation et d’essaimage des programmes à mener.

Les financeurs, publics ou privés, des activités à impact social, parmi lesquels se trouvent les acteurs de l’Impact Investing, sont soucieux de suivre la performance des organisations qu’elles soutiennent.

 

Pour ces acteurs, l’évaluation d’impact social permet :

En amont des décisions d’investissement de :

  • Déterminer ou affiner ses champs d’intervention ;
  • Identifier les acteurs qui œuvrent sur un champ particulier de l’impact social ;
  • Arbitrer dans les choix d’investissement entre différentes entreprises ;
  • Connaître avec précision l’impact d’une structure au moment d’investir ;

Dans le suivi des projets financés de :

  • Développer un outil efficace pour suivre dans la durée l’atteinte des objectifs définis à la suite d'un investissement ;
  • Créer un outil de reporting pour rendre des comptes de manière transparente aux acteurs impliqués dans la démarche ;
  • S’impliquer plus fortement auprès des structures financées afin de les aider dans la consolidation et/ou la pérennisation de leur modèle économique et dans leur stratégie de développement ;
  • Disposer de données quantitatives et qualitatives sur le projet financé pour communiquer auprès de leurs parties prenantes ;

En aval (Fin d’une période d’investissement, de financement, revente) de :

  • Envisager une poursuite du financement ;
  • Valoriser l’impact social obtenu auprès des parties prenantes externes ou des futurs investisseurs ;
  • Préparer un changement d’échelle du projet soutenu ;
  • En tirer des leçons sur les modèles les plus efficaces, les plus efficients, les plus pertinents dans lesquels investir à nouveau pour répondre à une problématique donnée.

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